Ses cauchemars sont hantés par le souvenir de ses doigts serrant le cou du chevalier du verseau. Ce moment où il avait voulu lui faire de mal. Il voulait le voir suffoquer pour faire passer sa propre colère, son incompréhension et son amertume. Têtu et bouché, Milo avait toujours eu un comportement assez catégorique. Impulsif, il ne croyait que ce qu'il voyait et agissait en conséquences sans prendre le temps de réfléchir au pourquoi du comment. Oh non il n'avait pas le calme et la réflexion de Mû, ni la patience de Shaka. Peu importe son adversaire, si ce dernier allait contre la justice d'Athéna, il devrait supporter son courroux, sa colère et le venin du scorpion. Téméraire, il vivait avec le besoin d'adrénaline, cette aura dangereuse qui l'entourait ne laissait que la capitulation ou la mort. Le feu ardant qui l'animait était bien trop destructeur et aujourd'hui, il s'en mordait les doigts. Aveugle face aux larmes de sang de Camus, il n'avait pas pu le comprendre. Non, il n'avait pas voulu le comprendre.

Son sommeil n'est que la répétition sans cesse de ses erreurs et le matin lorsqu'il se réveillait, le scorpion restait seul avec sa culpabilité, qu'il ne savait comment exprimer. Et là encore, c'est Camus qui en portait les conséquences, à travers ses regards noirs, sa colère apparente et le dédain dont il pouvait faire preuve. Trop égoïste pour s'excuser, trop impulsif pour s'adoucir et trop lâche pour s'exprimer. Quant à Camus, il était beaucoup trop humble et patient pour demander des explications. Et peut-être aussi … Avait-il peur ? Il faut dire que la colère du scorpion était redoutable et par ses mots, il était capable de blesser, laissant son venin se répandre là où la sensibilité était à son paroxysme. Un échange que tous deux redoutaient, sachant que Milo pouvait être bien sourd aux explications et Camus qui avait d'autant plus de mal à communiquer.

Mais les non dit creusaient d'avantage le fossé qui c'était installé entre eux. Plus le temps passait et plus il était difficile de pardonner et de laisser le passé derrière soit.

Ce matin là, le scorpion c'était levé du pied gauche et c'est dans l'arène d’entraînement qu'il avait confronté Camus lors d'un combat singulier. Entraînement qu'il avait involontairement changé en règlement de compte, se laissant guider par la colère de son cosmos. Son scarlet needle s'exprimait avec fureur, laissant sur le corps de Camus de douloureuses piqûres, infligeant ainsi sa vengeance. Aucune autre émotion si ce n'est que cette colère qui bouillonnait d'avantage. De quoi était-il en colère au juste ? De la mort de Camus qu'il n'avait jamais pu surmonter ? De le voir revenir sous la forme d'un renégat ? De ne pas avoir su comprendre sa douleur ? D'avoir lui même levé la main sur le Verseau ? Tout ça et bien plus encore.

Ce fut Mû qui intervient avec que la prochaine piqûre du scorpion fasse saigner le corps du Verseau. L'attaque du Scorpion se heurta à un mur invisible qui lui renvoya son propre coup. Milo l'accusa en recula d'un pas alors que la douleur aigu traversa son corps. Cela calma sa propre colère, le ramenant à la dure réalité. C'était comme s'il venait de reprendre conscience, arraché brusquement à ce tournant infernal. Suffoquant, essayant de reprendre sa respiration, Milo plongea son regard azur dans les prunelles de Camus. Il avait du mal à réaliser ce qu'il venait de se passer. Avait-il encore laissé place à sa colère ? Il avait de nouveau levé la main sur lui ? Bon sang, il ne pouvait donc pas se contrôler ?

La main qui se posa sur son épaule le fit tressaillir, et un peu perdu, il tourna la tête vers Mû qui le regardait avec sagesse, son léger sourire se voulant rassurant.

« C'est terminé Milo, il n'y a plus personne à combattre maintenant ... »

C'est vrai. Il n'y a plus aucun renégat. Mais c'était bien plus compliqué que ça. Trop égoïste pour mettre le doigt sur ses réels sentiments, il se contentait de faire souffrir Camus. Milo était bien incapable de se gérer lui même. Alors il choisissait la facilité. L'homme à la crinière sauvage dégagea son épaule d'un mouvement de bras.

« Ca va, je n'ai pas pas besoin de sermons ! » gronda-t-il avant de quitté l'arène sous le regard navré du bélier.

***

Quartiers libres. Les temps en paix leur permettait un peu de relâcher la pression et au lieu d'être en surveillance constante de leurs temples, le grand pope Shion leur accordait des temps de repos à tour de rôle, en petit groupe. Ainsi donc, il avait senti le cosmo de Camus quitter le sanctuaire. Lui même ayant le droit à son après midi de congé, il avait prit le même chemin. Il n'avait pas besoin de localiser la cosmo-énergie du Verseau pour savoir où ce dernier c'était rendu. Non, il le connaissait que trop bien. C'est donc en civil qu'il c'était rendu à la bibliothèque municipale de la ville. Milo avait opté pour un simple jean gris et un t-shirt blanc.

Il ne tarda pas à trouver Camus à une table, plongé dans son livre. Il semblait si serein et dégageait toujours cette noblesse. Bien sûr, il se doutait que son camarade avait ressentit sa présence. Attendait-il qu'il se manifeste ou est-ce qu'il avait l'intention de se venger pour ce matin en l'ignorant ? Peu importe sa réponse, cela avait son effet.

Milo tira une chaise et s'assit en face de Camus, avec la discrétion d'un éléphant. Ne prenant pas la parole tout de suite, il voulait laisser le Verseau faire le premier pas, trop fier pour s'excuser de l'attitude qu'il avait eu, quelques heures plus tôt. Mais au bout de quelques minutes, il se tortilla sur sa chaise, ses ongles tapaient sur la table. La patience n'était pas son fort.

« ….. …... …... Okey c'est bon, tu as gagné ! Pose moi donc ce livre ! » grogna le jeune homme avait de pousser un soupire.

Mal à l'aise, il passa sa main dans ses cheveux, se demandant par quoi il allait commencer.

« Je savais que je te trouverais ici, c'était prévisible. Il faut qu'on parle. »

Camus devait certainement être lassé. Il faut dire que les discussions avec Milo ne sont jamais calmes bien longtemps et laver son linge sale en public n'était pas forcément des plus agréables.